Pas uné école ordinaire

De nombreux élèves ont perdu leur motivation pour apprendre à l'école. Certains d'entre eux pensent même qu'ils sont trop bêtes pour réussir quoi que ce soit. D'autres sont confrontés à des problèmes

psychologiques et émotionnels parce que de nombreuses écoles traditionnelles leur apprennent à exceller et à être performants, dès leur plus jeune âge. Ces étudiants doivent faire l'objet d'une désintoxication. Pour obtenir cela, nous les amenons dans une situation où ils sont en confiance et où ils pensent qu'ils peuvent gérer les choses. Dès qu'ils réalisent qu'ils peuvent vraiment accomplir quelque chose, ils arrivent dans une phase où ils veulent aussi apprendre de nouvelles choses. Ils commencent par fixer de nouveaux objectifs et de nouveaux défis en fonction de leur motivation intrinsèque. C'est la motivation la plus importante qui soit. Le programme de désintoxication leur enseigne également l'importance de la concentration lors de la fixation de leurs objectifs et de l'apprentissage. Le programme commence au début de leur cursus scolaire chez Agora et se termine environ 7 semaines plus tard. Au cours de ces 7 semaines, les élèves découvrent ce qu'ils veulent devenir. Même si les chances de décrocher l'emploi de leurs rêves sont minces, au moins, ils ont un objectif. Ils ont un but. Et peu importe si des événements extérieurs viennent perturber leur trajectoire s'ils adaptent leur objectif.

 

Quels sont dès lors ces défis que choisissent les élèves ?

 

Cela peut être n'importe quoi ! Toute chose qui éveille la curiosité des élèves. À partir de là, le modèle Agora utilise les intérêts et la motivation des élèves pour les encourager à aller plus loin. Que veulent-ils devenir ? Que doivent-ils apprendre pour y parvenir ? Grâce à leur passion et leurs intérêts, les élèves apprennent aussi à apprendre. C'est la raison pour laquelle ils définissent ces défis eux-mêmes (ou, dans un premier temps, avec l'aide de leur formateur-professeur).

 

Comme aucun objectif n'est imposé par les professeurs, comment est-il possible pour les élèves de savoir quand ils ont relevé le défi ?

 

Plusieurs éléments sont à prendre en considération ici. Tout d'abord, les élèves doivent désigner le 'pourquoi' de chaque défi. 'Pourquoi je souhaite relever ce défi ?', 'Pourquoi je veux apprendre cela ?' Dans un premier temps, les élèves vont dire : 'Je voudrais en savoir plus sur les dauphins parce que j'aime les dauphins'. C'est l'explication la plus simple d'un défi. Mais après un certain temps, l'élève va commencer à dire : 'Je

veux en savoir plus sur les dauphins parce que je veux lancer mon propre delphinarium'. L'élève s'immerge alors beaucoup plus encore dans le défi. Travailler avec des défis permet de travailler avec des parcours

d'apprentissage personnalisés pour chaque élève. Plus de méthodologie pour un groupe moyen complet, parce que les élèves moyens n'existent pas. Pour chaque défi, les élèves formulent la définition de 'terminé' lorsque leur défi est terminé. Ils définissent également leurs défis avec une question d'apprentissage et des sous-questions. La plupart du temps, ces questions d'apprentissage conduisent à de nouveaux sujets qu'ils veulent étudier et dès lors, à de nouveaux défis. Grâce à la technologie, les formateurs peuvent suivre leurs élèves, suivre leurs progrès, donner des conseils, donner un retour et émettre des suggestions. Ils encouragent les élèves à faire des erreurs parce que c'est la meilleure façon d'apprendre. Copier est également un

moyen efficace pour apprendre, regarder comment font les autres.

 

On pourrait dire qu'il n’est pas facile pour les élèves de trouver une chose particulière qui les passionne. Chez Agora, les élèves peuvent participer à des ateliers de maître, sur une base totalement volontaire. Donc, s'il y a un atelier de maître sur Johann Sebastian Bach, tous les élèves qui le souhaitent y participent et les autres pas. C'est la bonne manière d'encourager les élèves à apprendre. Les formateurs surveillent le nombre d'ateliers de maître auxquels les élèves ont assisté et les encouragent à en suivre minimum un par an. Tout ce que l'on force peut entraîner une démotivation. Cela ne signifie toutefois pas que l'on encourage le 'challenge hopping', de sauter un défi ! Une fois que les élèves ont choisi un défi, ils doivent le terminer. Mettre l'accent sur les connaissances conduit à la démotivation, mais mettre l'accent sur la motivation conduit à la connaissance.

Ceci dit, comme vous l'avez peut-être appris : en apprenant et grâce aux conseils des professeurs, les élèves ne remarqueront peut-être même pas qu'ils acquièrent davantage les objectifs minimums fixés dans le programme d'études et qu'ils atteignent sans effort les niveaux d'apprentissage fixés par les autorités éducatives.

 

La technologie est un élément très important au sein de notre école. La technologie permet à toutes les écoles d'offrir des dizaines de voies d'apprentissage différentes. Voilà pourquoi Agora est une école personnalisée, et c'est pour cela qu'elle offre à chaque élève un appareil à faible coût de location. D'un point de vue éthique, le fait que vous soyez riche ou pauvre ne devrait pas faire de différence au niveau de l'éducation : chaque élève devrait pouvoir bénéficier des mêmes opportunités. 

 

Nous sommes tous conditionnés par notre système éducatif à l'ancienne, qui nous interdit de penser différemment. Le modèle éducatif a plus de 100 ans. C'est certain qu'il été efficace ... à cette époque-là.

Maintenant, il n'y a vraiment rien que l'on ne puisse apprendre. Les étudiants peuvent puiser gratuitement dans le cerveau collectif de l'humanité à l'aide de leur smartphone. Alors, pourquoi de nombreuses écoles interdisent-elles cet appareil ? Voilà pourquoi l'apprentissage souple chez De MET est baptisé

« Apprentissage 0.0 ». Vous devez ramener les élèves et les professeurs aux principes de base de l'enseignement et les débarrasser de toutes les absurdités institutionnelles qui se sont infiltrées dans notre

système éducatif il y a de nombreuses années.

 

Alors, demandez-vous : pourquoi les professeurs sont les patrons ? Pourquoi les élèves sont assis en classe ? Pourquoi les élèves doivent-ils écouter les professeurs, et non l'inverse ? Pourquoi avons-nous des cours et des horaires fixes ? Pourquoi avons-nous des tests et des devoirs ? Nous rééduquons les élèves et les parents à penser différemment. Apprendre signifie prendre des initiatives et développer et utiliser la créativité. Même sans tester les connaissances de leurs élèves, chaque bon professeur connaît les capacités, les forces et les faiblesses de chacun de ses élèves. Alors, pourquoi noter les élèves et passer des heures à corriger des copies quand on connaît déjà le résultat ?

 

Les professeurs sont les victimes de ce système. Ils sont extrêmement conditionnés et créent de faux sentiments de sécurité en donnant des notes. Est-ce qu’une note vous dit vraiment quand les élèves répondent aux critères de référence ? Mais la connaissance n'est pas la clé ici. La clé est la progression des élèves. Dans l'ancienne terminologie : si un élève a d'abord un quatre et plus tard un huit sur dix, c'est beaucoup mieux qu'un élève qui obtient un six tout le temps. Un élève avec une moyenne de 8,5 mais sans aucune compétence sociale est considéré comme prêt à aller étudier la médecine à l'université alors qu'un étudiant avec une moyenne de 6,5 et beaucoup de compétences sociales ne l'est pas. Ceci est un gaspillage du capital humain et cela doit cesser.

 

Donc, Agora ne teste pas et ne note pas de façon classique. Mais cela ne signifie pas que les élèves sont laissés complètement seuls. Ils sont pratiquement hantés par leur formateur et reçoivent en permanence des retours,

des informations et des suggestions. C'est l'évaluation formative. Un élève peut toujours prendre l'initiative de faire des tests diagnostiques ou récapitulatifs, en mettant l'accent sur « l'initiative » : l'étudiant doit le demander et le vouloir.

 

Une journée chez Agora:

Les professeurs arrivent à l'école à 8h00 pour une réunion d'équipe. Les élèves arrivent entre 8h30 et 9h30, ce qui est neurologiquement beaucoup plus intéressant que de commencer plus tôt. Ensuite, les étudiants

commencent par un « dialogue » dans leur propre « groupe » où ils discutent et parlent de certains sujets, comme par exemple les dernières nouvelles.

 

À 9h30, les étudiants commencent à travailler sur leurs propres défis personnels ou ils choisissent de participer à des ateliers de maître (enseignés par des parents, des experts externes, etc.). Les ateliers de maître peuvent porter sur de nombreux sujets différents, allant de la cuisine à l'astrologie en passant par les arts martiaux.

 

Les élèves ont au moins trois heures de sport par semaine, et après la pause déjeuner, ils ont 30 minutes de 'silence'. Au cours de ces 30 minutes, nous attendons de chacun qu'il soit calme. Pas d'appareils

électroniques, pas de discussions. Les élèves peuvent faire une micro-sieste, lire un livre, écouter leur respiration et méditer. Après la pause silencieuse, les étudiants vont en atelier de maître ou poursuivent leurs défis.

 

Entre 15h30 et 16h30, les élèves peuvent un autre atelier de maître ou rentrer à la maison (sans devoirs). Cependant, vous voyez souvent que les étudiants sont motivés pour continuer leurs défis à la maison, sans y être obligés. Entre 16h00 et 17h00, les professeurs-formateurs se rencontrent pour parler des élèves et de leurs progrès, de leurs chemins d'apprentissage, etc.

 

Comme nous l'indiquions au premier paragraphe, cette école n'est pas une école ordinaire : en effet, c'est une communauté d'apprentissage extraordinaire, un centre d'apprentissage, un carrefour d'inspiration. Agora ne compte pas de classes de cours organisées de manière traditionnelle avec du mobilier scolaire ordinaire. C'est du jamais vu. Au 21ème siècle, la première compétence que chacun devrait avoir est la créativité.

Cette école est conçue pour encourager les élèves à être créatifs : les étudiants peuvent créer leur propre espace de travail confortable (ou pas si confortable) ; ils utilisent leur créativité pour concevoir des bureaux

incroyables. L'école possède tous les outils et les lieux de travail pour stimuler leur créativité. Agora permet également aux élèves de créer leurs espaces de travail personnels car elle veut supprimer les frontières : les

frontières entre la maison, la rue, l'école et les environnements virtuels. Les élèves doivent se sentir comme à la maison dans leur environnement d'apprentissage.

 

Agora écoute la science et la psychologie derrière chaque élève. Seuls les aspects de l'éducation qui écoutent la psychologie de l'élève survivent. N'essayez pas de rénover l'éducation. Réinventez-la. La rénovation

revient à changer des roues en bois par des roues en caoutchouc. La réinvention consiste à créer des voitures volantes. Et c'est ce que Agora souhaite faire.

 

Traduit et adapté d'un entretien avec Sjef Drummen dans un article de Lucie Renard